Marchés Financiers et Boursiers Actions

Marché boursier africain /Entretien avec Jens Schleuniger, le gérant du fonds DWS Invest Africa

Jens Schleuniger, le gérant du fonds DWS Invest Africa, estime que les actions africaines peuvent progresser de 15 à 20% par an. Le continent bénéficie d’une croissance économique tirée par la hausse de la consommation, les investissements et la demande de matières premières provenant de la Chine et d’autres pays émergents.

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L’image de continent oublié qui colle à l’Afrique devrait être révisée. Depuis sa création en 2005, l’indice S & P Africa 40 affiche une performance annuelle de 21% en dollars, mieux que les marchés émergents (+14%) ou que le S & P 500 (+1%). Jens Schleuniger, gérant du DWS Invest Africa, explique le potentiel.

Le Temps: Comment expliquer la hausse des actions africaines?

Jens Schleuniger: La croissance du continent est tirée par quatre moteurs: la hausse de la consommation, la construction et le développement d’infrastructures qui permettent des gains d’efficacité, la production de matières premières, ainsi que la demande de la Chine et d’autres pays émergents pour ces dernières.

Pour s’implanter, les entreprises chinoises achètent des sociétés et des actifs, à l’exemple de l’acquisition par Sinopec de la pétrolière Addax, qui exploite des champs dans plusieurs pays d’Afrique. Afin d’être mieux acceptées, elles engagent du personnel local, ou forment des coentreprises avec des acteurs du continent, notamment sud-africains.

L’Afrique compte environ 970 millions d’habitants, dont environ 100 millions dépensent plus de 2500 dollars par an. Par exemple, le Nigeria et l’Egypte vont croître d’environ 4,5% en 2010. La hausse du niveau de vie alimente une progression de la consommation de bière dans le premier ou la pénétration de la téléphonie mobile dans le second.

Même un pays comme l’Afrique du Sud, qui a connu une croissance négative en 2009 à cause des effets de la récession mondiale sur son économie, est dans une situation favorable. La Coupe du monde de football cette année aura des répercussions positives. Sur un budget total de 870 milliards de rands, 40 milliards ont été investis dans les infrastructures et les stades. Et si les expériences passées se reproduisent, l’année 2011 sera bonne à la bourse de Johannesburg.

– Quelles sont les perspectives pour les actions?

– Le fonds a réalisé une performance de 66% ces douze derniers mois. Cependant, un rendement de 15 à 20% par an grâce à la progression des bénéfices serait plus normal. La valorisation est attrayante, environ 9 fois les bénéfices prévus en 2010. Il ne faut toutefois pas attendre à court terme une expansion de ce multiple. Les investisseurs sont prêts à payer plus pour d’autres marchés émergents.

– Quels types de sociétés avez-vous en portefeuille?

– Nous cherchons des sociétés en croissance, qui n’ont pas besoin de s’endetter et sont valorisées de manière raisonnable. Nous ne cherchons pas des titres décotés. Pour capitaliser sur la croissance d’une région, cela n’aurait pas de sens. La première position est l’opérateur de téléphonie mobile sud-africain MTN, coté à Johannesburg. Il est numéro un sur le continent et bénéficie d’un potentiel de croissance encore important. Les taux de pénétration sont de 50 à 60% dans des pays comme l’Egypte, le Nigeria ou le Kenya, alors qu’ils sont proches de 100% en Europe de l’Est. MTN est bien géré et bénéficie de synergies entre différents pays. Par contre, il faut faire attention aux effets de change, d’où une certaine prudence des investisseurs.

D’autres pays ont un potentiel encore supérieur à celui de l’Afrique du Sud. Mais investir directement n’est pas toujours aisé. Nous utilisons des sociétés cotées ailleurs: cela permet de bénéficier d’une gouvernance d’entreprise plus développée et d’une meilleure liquidité, tout en conservant les effets de la croissance africaine. La deuxième position est Iamgold, un producteur d’or coté à Toronto qui exploite notamment des mines au Ghana, au Burkina Faso et au Mali. Les coûts sont stables et la société bénéficie des craintes d’inflation: une hausse de 10% du cours de l’or permet au bénéfice par action de progresser de 20 à 25%.

La troisième position est Tullow Oil, une pétrolière cotée à Londres et active en Afrique. Situé à 80%, le taux de succès des forages de Tullow, qui explore notamment sur les côtes du Ghana, est très élevé. Une autre position importante est le groupe financier sud-africain Standard Bank, dont la banque chinoise ICBC possède 20%. Il a subi des pertes au Nigeria et le titre se négocie maintenant avec une décote sur les fonds propres. A un horizon de 2 à 3 ans, il est attrayant.

– Qu’avez-vous fait au cours des douze derniers mois?

– Nous avons principalement géré les entrées d’argent. Le fonds a été lancé en juillet 2008. Cela n’a pas été la meilleure période. La première tournée de présentation a eu lieu cinq mois plus tard et les premières souscriptions sont arrivées au premier trimestre 2009. Avec 67 millions d’euros, provenant essentiellement des apports et moins de la performance, le fonds a maintenant atteint la taille critique. Les grands thèmes et les dix premières positions sont, malgré quelques adaptations, à peu près restés les mêmes depuis le début.

– Qu’allez-vous faire au cours des douze prochains mois?

– Nous allons essayer de nous positionner sur des candidats à des fusions et acquisitions. Nous nous intéressons aussi aux entreprises de construction sud-africaines, qui devraient bénéficier de contrats importants, par exemple des projets de construction de route. Sur le continent, les valorisations sont attrayantes et il faut trouver les catalyseurs qui peuvent faire monter les cours. Cela peut être un projet, un forage, une offre d’achat.

Jens Schleuniger  Gérant du fonds DWS Invest Africa.

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : L’Afrique dans le sillage des BRIC (cliquez sur le lien)

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