Analyse Technique

Le marché actions n’est pas cher en termes de profits. Mais risqué par Serge Laedermann

Le marché actions n’est pas cher en termes de profits. Mais risqué

Il oscille entre menace de faillite globale du système et espoirs de croissance entretenus par des taux d’intérêts obligatoirement au plancher.

La fin du culte des actions réduit l’espoir d’une croissance durable

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1200, voire 1250 points, voici quelle est la valeur théorique de l’indice S & P 500 compte tenu des prévisions de profits pour 2011 dont le consensus s’établit à 87 dollars. Il y a donc encore un peu de marge pour ce mouvement haussier qui devrait venir buter sur les hauts du mois d’avril situés à 1219 points. Cette résistance technique représente probablement le maximum que ce marché puisse faire sans véritables «nouvelles» nouvelles.

 En effet, les financiers ont maintenant intégré l’idée que la faillite guette de plus en plus de pays soi-disant développés et demeurent donc craintifs pour le futur. D’un autre côté, ils sont attirés par l’espoir (souvent supporté par des données économiques relativement encourageantes), que les taux d’intérêts bas et la croissance renaissante n’opèrent un vrai retournement haussier du marché.

La vérité est bien sûr au milieu, comme dans beaucoup de situations.

 La faillite de plusieurs pays européens est bien réelle et ne se matérialisera pas à court terme tant que le Communauté aura décidé de ne pas laisser filer un premier bébé sur le lit du fleuve maudit menant à la grande chute. Les gouvernements ne font actuellement que d’écoper en soute, là où plusieurs coques sont déjà éventrées. Pour l’instant cette «stratégie» contribue à ce que les bateaux puissent poursuivre leur route, mais à vitesse réduite car la croissance demeure anémique et les budgets intenables. En vérité nous sommes cuits et il faut gérer au mieux ce désastre financier qui va nous conduire à un rééchelonnement de la dette des souverains selon des schémas fort inventifs (indexations sur la croissance, sur la bourse, sur l’âge de la prochaine présidente etc…) qui ne contribueront qu’à masquer une réalité cinglante: Les pays ne rembourseront jamais!

D’un point de vue graphique, on peut constater que le Double Top activé en février 2009 (lorsque l’indice a clôturé pour la première fois sous les 768 points) est toujours en force. Son objectif (minimum) de 516 points n’aura jamais été atteint, car le gouvernement américain a pris le taureau par les cornes afin d’empêcher la débâcle en inondant le marché d’argent presque gratuit et en nationalisant les grosses entreprises en péril. Le résultat positif de cet acte de dernier recours aura été de sauver l’économie d’une récession abrupte et dévastatrice, mais le revers de la médaille se paie maintenant. Nous vivons ce que j’ai appelé il y a quelques mois un «crash horizontal» qui se caractérise par une croissance molle appelée à durer, non stimulée par des taux d’intérêts pourtant proches de zéro. On pourrait dire que nous vivons le début d’une japonisation de l’Occident en termes économiques, même si plusieurs économistes s’escriment à démontrer que les situations ne sont pas tout à fait similaires.

La stabilité politique de l’Europe sera bientôt mise à mal par le défi considérable que représente aujourd’hui l’équilibre budgétaire, sans parler du remboursement des dettes. Il n’y a pas un pays dont le gouvernement actuel restera en place, le peuple essaiera de s’en sortir en changeant ses dirigeants, dans un premier temps, puis en descendant dans la rue dans un deuxième. Cet aboutissement est inéluctable.

L’Euro ne peut donc être fort dans ces conditions et continuera à se déprécier. Selon de savants calculs il vaudrait 1 franc suisse 60. En pratique, la confiance a disparu et la parité de 1 franc est à l’horizon que l’on peut fixer à moins de 5 ans.

Le dollar étant aussi faible, les 2 blocs risquent de s’équilibrer et d’obtenir de cette manière ce qu’ils cherchent face à l’Asie: la réévaluation des monnaies de la région. Les pays indexés (pegs) sur le billet vert font pour l’instant la sourde oreille, mais ils devront lâcher du lest.

Un coup d’oeil sur le DJ Europe 600 nous indique que l’image est bien entendu similaire au S & P 500, à la différence que la reprise des actions européennes fut plus timide et contrecarrée par la force de l’euro au plus mauvais moment, celui choisit par nos pseudos argentiers européens pour bomber le torse. Le dollar était au plancher, une preuve de la bonne santé de l’Europe (sic), alors que nos entreprises étaient étranglées par la difficulté d’exporter et des taux restés trop hauts. Heureusement, la Grèce est venue remettre de l’ordre (c’est un comble) sur le marché des changes, où l’euro s’échangeait à un prix complètement surfait et suicidaire.

Reprise économique convaincante faisant défaut, les taux d’intérêts vont demeurer bas au moins jusqu’à l’été 2011 où la Réserve Fédérale tentera de durcir légèrement le ton pour revenir à une situation plus normale. Pour l’instant elle a repoussé cette action qui était pourtant planifiée, car la peur d’un étouffement du petit foyer de croissance domine toujours. La BNS va aussi maintenir ses taux au plancher et pour longtemps, l’attractivité du franc lui donnant des sueurs froides.

Serge Laedermann Associé, GFA Geneva Financial Adviser SEP10

EN  COMPLEMENT : Commentaire du Wolf ; Marchés/ Bilan 1er semestre10 et perspectives

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