Agences de Notation

Trappe à Dettes et Stress Bankster : Le tsunami grec emporte les banques chypriotes

Trappe à Dettes et Stress Bankster : Le tsunami grec emporte les banques chypriotes

L’agence de notations financières Moody’s menace de dégrader la dette chypriote à, au pire, « A » en réaction à la débâcle du tissu bancaire et l’explosion du déficit public.

L’adoption de l’euro par Chypre ne lui aura pas vraiment porté chance. Depuis son entrée, en janvier 2008, dans le club des pays ayant la monnaie unique en commun, le pays enregistre une nette dégradation de ses finances. Le tsunami provoqué par la débâcle de ses voisins Grecs s’est rapidement propagé dans l’île par le canal bancaire.

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Les banques chypriotes, qui représentent l’essentiel du tissu économique (leur pondération dans l’indice générique de la Bourse frôle les 90!), sont, par le jeu des liens croisés, indissociablement liées au sort des banques helléniques. Largement sous-capitalisées, ces dernières ne peuvent plus aujourd’hui se financer ailleurs qu’auprès de la Banque centrale européenne.

La défiance des investisseurs envers le système financier grec a donc rapidement mis à genoux les deux principales banques de Chypre. Depuis l’entrée du pays dans la zone euro, la Banque de Chypre et Marfin Popular Bank ont vu leur cours dévisser respectivement de 72 % et 88 %. Pointant à 2,6 et 1 euro, elles font aujourd’hui figure de « penny stocks » et illustrent le marasme du marché boursier qui a perdu 80 % de sa valeur depuis ses sommets de fin 2007.

Enfin et cerise sur le Gateau empoisonné des mauvaises dettes et à l’image des Banques Irlandaises les Banques chypriotes ont prété à tout va et plus que de raison :  les Prêts des ménages se montent à 123% du PIB, alors que la moyenne pour la zone euro est de 55%. La consolation, c’est un  taux pour les dépôts se montant à 148% du PIB. Quant au  Prêts aux entreprises ils représentent 152% du PIB, tandis qu’en Europe, seulement 52% en moyenne

Une déchéance bancaire qui plonge dans le rouge les comptes publics de Nicosie. Le déficit avoisine les 6 % du PIB (un PIB qui est, par ailleurs, trois fois plus faible que fin 2007), alors qu’il était encore en situation de surplus (+3,4 %) juste avant le début de son aventure européenne. Le taux d’inflation a atteint 2,5% en 201o atteindra 3% en 2011.  – Le taux de chômage est proche de 7% en 2011   La dette publique de  62,70% en 2010 atteindra pour 2011  64,90%.

Même si l’île s’est extirpée de la récession (-2,8 % à fin 2009), sa croissance reste faiblarde (1,8 %) et risque de se révéler insuffisante pour redresser la barre budgétaire. Un risque qui conduit l’agence de notation Moody’s à annoncer la probable dégradation de la note de la dette à long terme chypriote à, au pire, « A » (contre « A + » actuellement).

On n’est certes pas dans la situation grecque (« BB + »), dont les obligations sont considérées comme « pourries »: les Chypriotes doivent rembourser l’équivalent de 5 milliards d’euros d’ici fin 2012, soit quasi 20 fois moins que les Grecs. Il n’en reste pas moins que la méfiance gagne du terrain dans les rangs des investisseurs comme en témoigne le rendement des obligations chypriotes (en euros) échéant en 2020, qui, en quatre mois, a presque été multiplié par deux à 6% (contre 11% en Grèce).

Moody’s n’est pas la seule agence de notation de s’inquiéter de la situation finanncière chypriote puisqu’en novembre dernier, Standard & Poor’s avait abaissé d’un cran la note du pays, la ramenant à A, avec surveillance négative. 

S’exprimant dans un communiqué, le ministre chypriote des Finances Charilaos Stavrakis a souligné en réaction à l’annonce de Moody’s que l’État avait déjà couvert ses besoins de financement à moyen terme et n’avait pas besoin d’emprunter à l’heure où les conditions de marché sont « exceptionnellement difficiles ». 

Le gouverneur de la Banque centrale avait par ailleurs jugé que l’intention du gouvernement de ramener le déficit à 5,4% l’an prochain était « trop ambitieux ». Tout en proposant une piste pour réduire les dépenses : une baisse des salaires des fonctionnaires. Alors qu’à l’heure actuelle, les coupes concernent surtout des projets d’infrastructure et non la masse salariale. Pour appuyer ses propos, Orphanides a ainsi souligné que les salaires du secteur public avaient augmenté de 10% annuellement depuis 2008, avec une croissance nominale de seulement 3,5%. Précisons que les salaires des fonctionnaires représentent 30% des dépenses totales et pourraient s’élever à 15% du PIB cette année.

source  L’Echo /Luc Charlier+agencces janv11

 

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